HISTORIQUE PROJET "SAHEL VERT" MINEPDED CAMEROUN
HISTORIQUE PROJET "SAHEL VERT" MINEPDED CAMEROUN
A la suite de la grande sécheresse qui
a frappé les pays du Sahel et la partie septentrionale du Cameroun au milieu
des années 70, le Cameroun à l’instar des autres États de la sous-région situés
à la lisière du désert du Sahara se sont décidés de mettre en œuvre les
activités de lutte contre la sécheresse.
L’une des entreprises majeures va être
la création en 1975 du Comité Provincial de Lutte Contre la Sécheresse (CPLS)
en réaction aux pays du sahel qui s’étaient regroupés autour du Comité Inter-États
de Lutte Contre la Sécheresse dans le
Sahel (CILSS) crée le 12 Septembre 1973 et qui avaient fermés leurs portes au
Cameroun. En marge de ces activités de renforcement de son cadre
institutionnel, le Cameroun se lance également dans la réalisation d’actions
concrètes sur le terrain. Naturellement celles qui s’imposent à l’époque sont
l’aménagement des points d’eau et la plantation en masse des arbres.
Dans un élan d’intégration et de
solidarité nationale, le gouvernement Camerounais décide d’utiliser les jeunes
pour la plantation des arbres. L’exécution de l’opération est ainsi confiée au
Ministère de la Jeunesse et des Sports qui supervisait déjà à ce moment-là
d’autres activités de formation civique des jeunes dans les domaines comme
l’agriculture et les petits métiers dans des centres spécialisés. L’opération
baptisée « Sahel Vert » rêvait donc un caractère beaucoup plus
populaire de plantation d’arbres sans que le souci du respect des techniques de
foresterie et d’aménagement écologique de l’espace en soit la préoccupation majeure.
On avait pensé à ce moment précis
qu’il suffisait de prendre des jeunes et de les envoyer dans la partie
septentrionale du pays pour faire des trous et mettre des plants et que le
reste allait suivre. A l’époque, on pensait faire d’une pierre deux
coups : brasser les différentes couches des populations du Cameroun dans
l’axe Nord - Sud et atténuer les effets de la sécheresse par la réhabilitation
du couvert végétal. Si cette opération a connu un véritable succès populaire,
dans les années 1977 - 1981, elle a permis de constater qu’il ne suffisait pas
seulement de planter les arbres pour lutter contre la dégradation des terres.
En effet, la plupart des sites de plantations ont fait face à plusieurs
problèmes dont : la coupe du bois par les populations en quête de bois de
feu, la destruction des jeunes arbres par le bétail et les feux de brousse qui
ont détruit des vastes étendues d’espaces plantés.
Dans certains cas, les sites de
plantations ont échoué à cause de la mort des plants justifiée par la non
maîtrise des techniques de reboisement (qualité et type des plants, nature du
sol, dimension des trous, etc.) et de la maîtrise de l’eau. D’autres parts,
l’absence d’implication des populations locales et l’absence de la mise en
place d’un cadre de suivi postérieur à la plantation a conduit à un
désintéressement de la population qui ne se sentait pas du tout responsable ou
concernée.
L’idée a fait long feu. Cependant, sa mise en œuvre s’est arrêtée au début des
années 1980 faute de financement suite à la crise économique qu’a
connue le pays.
Toutefois, l’idée aura quand même été
porteuse de fruit puisqu’en 1988 suite au fait que la sécheresse ait de nouveau
frappé la partie Nord du Cameroun en 1984, le gouvernement Camerounais décide
de confier au Ministère du Plan et de l’Aménagement du Territoire à ce moment,
en charge des questions environnementales, avec l’assistance du Bureau des
Nations Unies pour la Zone soudano-sahélienne, l’élaboration d’une stratégie
nationale de lutte contre la désertification.
Du Ministère du Plan et de
l’Aménagement du Territoire au Ministère de l’Environnement et de la Protection
de la Nature en passant par le Ministère de l’Environnement et des Forêts, les
actions se sont poursuivies.
En 2006, le Cameroun se dote d’un Plan d’Action
National de Lutte Contre la Désertification (PAN/LCD). Et en 2008, dans le
cadre de la mise en œuvre de ce plan, le gouvernement décide de relancer le projet
Sahel Vert, sous la tutelle du Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature (MINEP) à travers des activités de reboisement et de distribution des foyers
améliorés sous la dénomination de «Projet Sahel
Vert » dans la Région de
l’Extrême-Nord, financées exclusivement
par le budget d’investissement de
l’Etat (BIP). Sur le plan conceptuel, le projet Sahel Vert telle
que relancé en 2008 n’a de commun avec le précédent que de nom. En effet, il ne
s’agit plus d’une vaste opération populaire de plantation d’arbres à caractère
civique et d’intégration nationale mais d’un véritable projet de mise en œuvre
d’un Programme National de Lutte Contre la Désertification qui lui-même est la
résultante d’une stratégie nationale de réhabilitation des terres dégradées
élaborée et conduit par le Ministère de l’Environnement et de la Protection de
la Nature dans le cadre de ses missions régaliennes
Auteur : P. A. NGUEDJO (2020)
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